Encore un blog de merde
"Moi ? Un nouveau blog ? Vous plaisantez ! Je préfèrerais qu'on m'émascule avec un tire-bouchon ! Nan, soyons sérieux, j'ai déjà perdu beaucoup trop de temps à compiler bêtement des lignes et des lignes sur internet. Et puis surtout, c'est pas à 23 balais que je vais replonger dans toutes ces conneries."
Voilà, ça, c'était moi y a 3-4 mois. Je répondais à la question d'un ami un peu nostalgique qui me demandait si j'avais pas l'intention, un jour, après quasiment deux ans d'arrêt, après avoir raccrocher les crampons, de recommencer à écrire sur un blog. Je vous décris la scène : on était en pleine soirée, moi j'étais déjà bien bourré (je venais de me servir mon sixième verre de vodka-multifruit), je venais de faire une imitation endiablée de Claude François sur "Magnolias Forever" (voir parenthèse précédente), quand soudain, je ne sais pas pourquoi, sans doute porté par l’ambiance (et par l’alcool), j'ai lâché cette tirade, en y mettant tout l'arrogance et le mépris du monde. Tirade qu'on ne manquera plus de me remettre dans la gueule à l'occasion maintenant, vous imaginez bien. Mais bon, que voulez-vous, l'amour des mots à été le plus fort. C'est pourquoi je me suis décidé à sortir de ma retraite internationale pour un ultime tour de piste, à la Franck Leboeuf version Qatar (ou Koh-Lanta, au choix).
Du coup, je sais déjà ce qu'on va me dire. J'aurai droit à toutes les vannes du style "Un nouveau blog ? Mais il va durer combien de jour celui-là ? ", ou encore "Mais, c'est ton combientième blog ? Donne-nous juste un ordre de grandeur, à 50 près ? " ou même "T'as pas peur à force d'avoir eu plus de blogs que de visiteurs ? ". Le pire, c'est qu'ils auront tout à fait raison. Vraiment, sans exagérer, j'ai dû avoir entre 20 et 30 blogs au cours de ma carrière. J'en ai eu tellement que je serais bien emmerdé si on me demandait de vous donner un chiffre exact. Par contre, ce que je sais parfaitement, c'est que rares sont ceux qui ont vécu longtemps et en bonne santé. Si on voulait résumer, on pourrait dire que l'espérance de vie de mes blogs est à peu près équivalente à celle d'un poisson rouge qui nagerait dans un bocal dans lequel on aurait vidé 4 kanterbrau de 25cl (si si, y a des gens qui font ça en soirée, quand ils sont un petit peu saouls).
C'est toujours la même rangaine : au début, c'est tout beau et tout neuf, alors ça me donne envie d'écrire. Les articles s'enchaînent, ils sont drôles, bien pensés, bien écrits, et font le bonheur de nombreux nouveaux lecteurs, enjoués par tant de fraîcheur et de talent. Puis les mois passent, et écrire devient rapidement une contrainte, une obligation chiante à laquelle je me sens obligé de me soumettre. Du coup, les articles sortent au compte-goûte, ils ne sont plus vraiment drôles, d'une banalité choquante, complétement écrits à la va-vite, et les visiteurs, plus très nombreux et excédés par tant de décrépitude, passent leur chemin. Finalement, l'épilogue est toujours le même : le blog est abandonné, les quelques derniers fidèles assistent à son inéxorable pourrissement, jusqu'à ce qu'un jour je daigne enfin prendre une minute de mon temps pour le faire disparaître d'un clic, sans le moindre sentiment. Voilà, c'est la grande histoire de mon activité blogosphérienne. Et j'aime autant vous dire les choses d'entrée : Je marche seul n'échappera pas à la règle. Je vous annonce d'ores-et-déjà sa disparition prochaine, comme tous les autres avant lui. Tout ce que j'entreprends fini irrémédiablement jeté en boule dans une poubelle. Vous voilà avertis, vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenus.
Non, franchement, fuyez ce blog. Allez plutôt vous divertir sur les nombreux sites de couture à Tata Françoise ou de scrapbooking à Marie-Chantal, dont Canalblog raffole. Si par malheur vous vous attachiez à ces pages, vous finiriez obligatoirement par être déçus.
Contrairement à ce que vous pensez, ce poisson rouge a encore vécu de longs mois avant de rendre sa dernière bulle. Il semble bien que l'alcool n'ait eu aucun effet sur lui.